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Le monde magique d’Alfredo Ceibal

Alfredo Ceibal
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Peintre originaire du Guatemala, Alfredo Ceibal fait désormais partie des artistes contemporains qui ont fait vibrer la scène artistique de la ville de New York.

Alfredo Ceibal est un artiste peintre autodidacte. Dans les années 80, il décide de quitter le Guatemala, vivant une guerre sanglante et répressive, pour les États-Unis, direction New York et le quartier d’East Village. Ce quartier est riche d’une scène artistique contribuant de manière significative aux arts et à la culture américaine. Le quartier est le berceau des icônes culturelles de la musique folk, du théâtre expérimental et des musiciens improvisateurs. Pendant ces années, les galeries d’art, les musées ou les centres culturels alternatifs galvanisent un nouvel art post-moderne en Amérique avec des artistes comme Keith Haring, Nan Goldin, Jean Michel Basquiat ou Julian Shnabel.

C’est dans cette ambiance qu’Alfredo commence à dessiner et à peindre de manière informelle. La création artistique est un véritable défi où il faut prendre des décisions jusqu’à ce que la peinture prenne forme. Dès le départ son travail s’inspire de la littérature réaliste magique latino-américaine de Carlos Fuentes, Juan Rulfo, Jorge Luis Borges, Gabriel Garcia Marquez et bien d’autres. Bien que difficile de définir exactement sa peinture, comme le dit lui-même Alfredo « Certaines personnes disent que mon travail est réaliste magique et d’autres disent qu’elle est surréaliste. Personnellement ce n’est pas important , chacun la voit à sa façon ». Alfredo est intrigué par cet univers et souhaite seulement donner formes à ces images, les traduire. Pour lui, « la peinture est une forme d’écriture. C’est de la poésie pictorique ». Le réalisme magique est rempli d’éléments perçus comme « magiques », « surnaturels » et « irrationnels » surgissant dans un environnement défini comme « réaliste ». Il cherche à tisser des liens étroits entre des courants habituellement opposés tels que le naturalisme, le merveilleux et le fantastique. Alfredo Ceibal déclare « que c’est ambitieux, mais avec de la patience, de la dédication et de la détermination, je crois que je l’ai réussi ». Mais la littérature n’est pas sa seule inspiration, il a eu besoin d’être en contact avec les Grands Maîtres comme Goya, Henri Rousseau ou Balthus pour étudier leur travail concernant la lumière, les ombres, alors il est allé dans les musées de New York comme le Musée d’Art Moderne, le Musée de Brooklyn ou le Metropolitan Museum of Art de New York. Alfredo parle d’« autoculture ». Par sa peinture, il a maintenu un contact avec son pays et sa culture. C’est un sentiment cathartique même si depuis il est rentré au Guatemala au début des années 2000.

Il fait référence au christianisme et à la culture indigène< sous leurs aspects obscurs, énigmatiques, mythiques et folkloriques. C’est une sorte de révélation de vérités cachées, métaphysiques basées sur des idéologies.

Son travail très coloré représente les évènements de la vie quotidienne comme la naissance, le mariage ou la mort. Il dit utiliser « le polylinguisme », ce mélange de « langages » conscients et inconscients universels fondant une vision particulière de la réalité. Il y a un véritable travail psychologique et intellectuel au moment de choisir le sujet. L’architecture y est fantastique, géométrique. Les personnages sont soient tourmentés ou d'un calme étrange. Sa peinture est pleine de symbolisme dramatique, émouvant. Pour lui, « ces différents moments de la vie humaine ouvrent et ferment un cercle. Ils nous font poser des questions sur notre condition humaine ». Il fait référence au christianisme et à la culture indigène sous leurs aspects obscurs, énigmatiques, mythiques et folkloriques. C’est une sorte de révélation de vérités cachées, métaphysiques basées sur des idéologies.

Aujourd’hui, son travail est beaucoup plus épuré. En effet, la couleur a presque disparu. Mais il y subsiste quelques taches de couleurs. Pour Alfredo, un dessin en noir et blanc est un véritable défi. C’est une expérience particulière, car il faut pouvoir l’« absorber et le faire tien ». Il ne donne que quelques options colorées. Ses travaux, plein d’imagination sont comme des souvenirs oniriques, flous. Dans son travail Société des Fumeurs il célèbre des fêtes fellinesques où l’espace fermé donne l’illusion d’être ouvert. Les personnages sont déformés par l’agitation. Dans un autre travail Coupures Transversales du Paradis, il décrit ce qu’il aurait pu arrivé si l’Amérique latine n’avait été envahie. Il a créé des mondes subtropicaux dans lesquels il s’est laissé porter par les émotions. Comme il le dit lui-même, « Le rationnel donne une chose calculée. Coupures Transversales du Paradis est quelque chose de l’inconscient collectif nous connectant peut-être, c’est intuitif. L’homme est un être beau, mais dangereux ».

Alfredo Ceibal s’est essayé à d’autres pratiques artistiques comme avec la sculpture Malo/Bueno, de la vaisselle cassée et décorée de feuilles d’or est accompagnée d’un texte illustrant l’histoire de personnes s’étant perdues dans le monde de l’alcool, de la drogue ou de la prostitution. Avec l’aide de tierce personne, elles ont eu une autre opportunité. À travers ce travail, Alfredo nous parle de la renaissance de chacun à un moment précis de sa vie. Parfois le mauvais peut se transformer en beau.

Bientôt, il effectuera une performance avec une autre artiste guatémaltèque, Regina Galindo, intitulé Hipnosis faisant partie de l’exposition collective Guatemala Despues (l’Après Guatemala), organisée par The New School of Social Research-Parsons de New York et l’espace alternatif , Ciudad de la Imaginacion (La ville de l’imagination) à Quetzaltenango au Guatemala. Par ce travail, ils souhaitent faire prendre conscience de la condition de la femme dans une société guatémaltèque machiste. Ils distribueront des tracts dans des lieux publics à des hommes. Ces phrases hypnotiques écrites posent la question du genre et des droits de l’homme.

Pour Alfredo Ceibal, ces différents moments de pause avec la peinture lui offrent une autre perspective du travail créatif, mais il ne s’y sent pas à l’aise et suffisamment libre à l’heure de composer comme avec le dessin et la peinture. Il n’a besoin que d’une feuille blanche et d’un stylo pour exprimer ses idées et cela n’importe quel endroit (café, librairie..)

René Magritte a dit « Dans ma peinture il n’y a pas de réponses, seulement des questions ». Dans le travail d’Alfredo Ceibal aucune réponse n’est manifestée. Tout conduit à une autre question. Comme il le déclare « C’est une découverte tragique, car elle révèle le peu que nous savons, mais c’est aussi ce qui fait qu’une œuvre est bonne. Il faut se laisser porter par le sixième sens. L’artiste décline toute responsabilité concernant l’opinion qu’a le public de son œuvre.

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