Bogota, ville créative de la musique

En mars 2012, Bogotá a été déclarée ville créative de la musique par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Bogotá avance et renforce l'éducation musicale dès le plus jeune âge, soutient les festivals qui font de la ville un épicentre musical comme Rock al Parque ou Salsa al Parque. Cependant, le son de la capitale est complexe. La capitale a connu l'un des plus grands déplacements de population en raison de conflits multiples, et est devenue un éventail de multiculturel et multiethnique.

L'art, sous toutes ses formes, est l'un des principaux dynamisateurs du changement de pratiques et d'habitudes chez les citoyens. Il aide à construire la civilité et une meilleure coexistence. La culture civique est une approche de politique publique qui a fait ses preuves sous le mandat du maire Antanas Mockus (1995 — 1998, 2001-20014) par l'importance des programmes pour résoudre de nombreux problèmes rencontrés dans la ville. On a eu tendance à considérer la culture civique comme une question exclusive du mandat Mockus et non comme une proposition que les gouvernements suivants.

Après avoir été orphelin pendant des années à Bogota, la Direction de la Culture Civique (Dirección de Cultura Ciudadana), mise en place en février 2017 avec à sa tête Víctor Manuel Rodríguez, aura pour tâche de promouvoir l'éducation, la coexistence et la transformation culturelle de la société. La tâche sera dure, car selon une enquête récente sur la perception des citoyens de Bogotá, depuis 2010, moins de 60 % des citoyens de Bogota se sentent fiers de leur ville ; depuis 2014, moins de 50 % se sentent satisfaits de vivre dans la capitale, et il y en a 62 % qui ne participent jamais aux débats de la ville. Il y a une absence de processus de transformation culturelle, mais aussi de processus durables.

Et dans le domaine de la musique ?

Il existe à Bogota, une tension entre la production de musique commerciale de masse et la production spécialisée, destinée à un public minoritaire. La question qui peut être posée est de savoir si les festivals et autres évènements sont simplement des scènes de divertissement et un moyen apprécié pour le « tourisme culturel ». ou bien éduquent-ils vraiment le public ?

L'Idartes (Instituto Distrital de las Artes), entité rattachée au ministère de la Culture, des Loisirs et des Sports depuis 2010, a été créé pour renforcer et positionner le domaine artistique comme un secteur socialement et économiquement durable dans la ville.

Le programme Crea, dirigé par l'Idartes, génère des processus de transformation sociale à travers des programmes de formation dans les arts. En outre, il garantit et renforce le libre exercice des droits culturels. Le programme invite les enfants et les jeunes de 18 localités de Bogota. Ces domaines sont : la musique, la danse, la littérature, le théâtre, les arts visuels, les arts audiovisuels et la création numérique. De cette manière, il s'accompagne de la construction et du renforcement de projets de vie, où chaque citoyen puisse être meilleur et vivre mieux.

Les institutions non formelles établissent des programmes la fraction la plus large et la plus diversifiée du secteur éducatif et il existe toutes sortes d'institutions : enseignement supérieur, ONG, institutions publiques, institutions privées, fondations, etc. Il est important de noter que dans ce secteur éducatif sont également les programmes de formation continue en musique offerts par les universités.

Fondation Batuta

C'est une institution à but non lucratif conçue pour rassembler des groupes orchestraux. Il opère au niveau national avec des sièges sociaux indépendants dans différentes villes. À Bogota, il fonctionne dans différentes localités desservant une population à faibles revenus. La Fondation Batuta œuvre pour le développement intégral et l'amélioration de la qualité de vie des enfants, adolescents et jeunes dans les zones vulnérables, pour la construction de tissu social, la création d'espaces de réconciliation et la construction de capacités individuelles utiles pour exercer une participation active dans la société. Elle développe des projets nationaux, mais aussi transfrontières avec l'Équateur et le Venezuela et le Brésil.

Fundacion Bhustak

À Bogota, dans le quartier de Simon Bolivar, un des quartiers de Bogota où règnent les vices, il y a une lumière appelée Bhustak. Bhustak, un artiste hip-hop, a décidé de changer le cours de sa vie et celle des autres à travers la culture hip-hop. Bhustak a créé un réseau d'écoles hip-hop dans la ville. Cette langue non conventionnelle est enseignée dans différentes écoles, mais adaptée aux problèmes des jeunes. Chacun apprend à parler et à se comporter selon les valeurs du hip-hop : respect, solidarité, formation et transformation. La Fondation Bhustak a créé des liens de confiance. Cet échange de connaissances est une opportunité pour chacun pour se construire et réfléchir sur ce qu'il veut devenir.

Idartes se révèle comme une agence de mise à niveau des déficiences du marché de la musique dans la ville. Néanmoins, son champ d'influence se limite principalement à des publics qui ont déjà une forte relation avec certains types de musique. En 2017, le festival Rock al Parque a reçu plus de 180 000 spectateurs en 3 jours. À partir des valeurs telles que l'authenticité, l'originalité, l'innovation, le populaire ou le commercial, les différents acteurs et secteurs impliqués s'organisent, parlent, diffusent et favorisent différemment la valorisation de certaines pratiques musicales. Les conflits qui surgissent au sein de la scène musicale sur la façon dont certaines sonorités sont valorisées par rapport à d'autres. Peut-être que nous devrions clarifier les stratégies. Il semble que Idartes confond la formation du public avec la réalisation des événements. On croit qu'ils sont formés dans la mesure où de nombreux événements sont faits. On peut dire que l’Idartes, dans un sens très concret, n'écoute pas assez son public, car il a un modèle de gestion « d'en haut » pour programmer la musique que les gens veulent. Il y a des spectacles que l'Institut soutient à travers des programmes. Cependant, il faudrait mettre à jour la discussion publique sur ce qui est la culture. Cet engagement impliquerait la planification, les mécanismes et les actions à entreprendre allez dans la ville et écouter les façons de faire de la musique et prendre la culture « comme indicateur de la façon dont nous vivons dans la ville. »

À la rencontre de certains musiciens.

Le Bogota Afrobeat Orchestra est un groupe musical fondé et établi à Bogotá, qui développe depuis 2013 un processus artistique et créatif impliquant des héritages des Caraïbes colombiennes, des héritages de l'afrobeat nigérian et une série de contributions et de ressources des cultures afro-cubaines et des Funk américain. La BOA a un style incomparable et un son unique qui a été rejoint par des artistes tels que les chanteurs Nelda Piña Quezada, dans le but de redécouvrir les traditions culturelles du pays et de nouvelles possibilités de contribuer à l'avant-garde musicale colombienne.

Urian Sarmiento est un chercheur en musique colombien qui explore à la tradition sonore du pays. Il fait partie d'un des groupes les plus connus de Colombie : Curupira où il joue des percussions et la gaita (instrument traditionnel). Avec son projet Sonidos Enraizados, il souhaite créer un pont entre les cultures locales et mondiales à travers la recherche, la communication et la circulation des pratiques culturelles musicales. La clé de ce projet est la construction de la mémoire. La mobilité des musiciensé est souvent décrite comme une caractéristique des musiciens urbains. La plupart des musiciens de Bogota ont une formation autodidacte. La variété de l'offre musicale se reflète également dans la possibilité de trouver des événements musicaux tous les jours de la semaine, bien que cette offre augmente bien sûr le week-end. N'oubliez pas de vous renseigner si vous passez par Bogota...

Découvrir des festivals....

La musique performative indépendante et informelle constitue un spectre de grande amplitude. Les festivals représentent une idée de la démocratie et du projet d'ordre social.

Depuis 2007, le collectif Araneus avec le festival Arte a la Calle, dans le quartier de Santa Fe et Candelaria se transforme au cours de l'année. Les jeunes, les vieux, les hommes, les femmes et les enfants se rassemblent dans les rues et prennent possession de leur quartier au rythme de la musique, la danse et le théâtre.

Le Distritofonico vous permet d'ouvrir vos oreilles à de nouvelles esthétiques musicales. Ce festival met l'accent sur des groupes hétérogènes avec une identité mélangeant le jazz, le rock et la musique tropicale, mais toujours avec un son expérimental qui transporte le public dans une autre atmosphère.

Avec peu de ressources, Ana María Romano gère le festival En Tiempo Real qui se concentre sur l'électroacoustique latino-américain. Loin de la musique traditionnelle et conventionnelle, cette intéressante initiative d'expérimentation sonore génère un rapprochement musical inconnu en Colombie.

Depuis 10 ans, René Pinedo, alias El Padrino, a révolutionné le monde des festivals de Bogota grâce au Festival Rapjudesco, organisé dans le parc du quartier Rafael Uribe Uribe. À l'origine de ce projet se trouvent l'école de rap et le collectif de hip-hop Rapjudesco. Sur scène, les artistes nationaux et internationaux ainsi que les jeunes de l'école transmettent leur énergie au public. Le festival est un espace de réflexion et de construction alternative où sont abordés les problèmes sociaux du pays.

... et lieux alternatifs de la scène musicale de Bogota

Le secteur culturel musical de la ville est caractérisé par une composante élevée de l'initiative microentreprise. Cependant, les microentreprises du secteur ont des contraintes concurrentielles considérables sur le marché de la musique. La circulation et la distribution de la production musicale de la ville sont limitées. Parfaois, derrière des portes insignifiantes, vous vous trouverez dans un endroit où la vie colombienne prend tout son sens.

Casa Kilele s'accorde avec le sens du mot Kilele qui signifie dans les dialectes de l'Afrique de l'Ouest « l'union » et appelle à la communauté. La responsable de la maison Juliana Cepeda croit en la puissance de la communauté pour réaliser un changement réel de l'individu et stimuler la créativité. cette maison est une plateforme artistique qui offre des espaces créatifs et de collaboration. Elle participe aux cercles communautaires artistiques et culturels de la ville comme du pays.

Matik Matik est un espace culturel indépendant situé dans le quartier de Quinta Camacho. Sous les traits d'un café, depuis sa création en mars 2008 par le français Benjamin Calais, l'espace a réalisé plus de 1700 évènements et a été activement impliqué dans la promotion et la diffusion de nouvelles formes d'expression sonore.

Du point de vue de la programmation radiophonique et télévisuelle, l'offre de musique locale est insignifiante. Une seule station inclut dans sa programmation régulière de la musique indépendante produite à Bogota : Radionica. Cependant, son programme se compose uniquement des genres rock, rap et électronique populaires quelques chiffres

Depuis 13 ans, la Chambre de Commerce de Bogota s'est engagée dans des actions favorisant les industries culturelles et créatives devenues l'un des moteurs du développement économique de la ville-région. De manière permanente, la Chambre soutient les entrepreneurs sur trois fronts : conseil pour le renforcement des affaires, amélioration de l'environnement concurrentiel par le biais d'initiatives de clusters et de plateformes de diffusion et d'affaires. Ce secteur de 2005 à 2016 a enregistré une croissance de 54,5 % et en 2016, la valeur de la production était de 300 milliards de pesos (soit 100 millions de dollars).

Bogota compte 1663 entreprises appartenant au secteur de la musique. La capitale concentre environ 45 % de l'industrie de la musique live du pays et 52 % de la production de musique enregistrée. Grâce à la plateforme Bogotá Music Market — BOmm les artistes et les entreprises entrent en contact. Du 12 au 15 septembre 2017, 114 acheteurs nationaux, 82 internationaux de 18 pays et 253 artistes colombiens se sont rencontrés afin d'établir des contacts et d'échanger des connaissances essentielles à la croissance de leur secteur. L'initiative de Cluster Musical vise à promouvoir Bogota en tant que ville de la musique d'Amérique latine et en tant que centre musical à travers la promotion de la musique en direct, les événements de la ville et le développement d'un Bogotá nocturne.

L’Impact Hub Bogota unit les personnes de toute profession, domaine de la connaissance et de la culture dans un réseau diversifié, créatif et innovant. Ce sont les gens qui voient et font les choses différemment. Ils ont une passion entrepreneuriale, la compétence et la volonté de créer un monde radicalement meilleur. C'est un écosystème d'innovation sociale qui concentre ses efforts sur la création d'espaces de collaboration, de coworking, de renforcement des événements et de formation où les entrepreneurs et les innovateurs sociaux peuvent développer des projets qui génèrent et renforcent la société. En 2012, Impact Hub Bogota a réalisé un évènement pour rapprocher les musiciens qui la plupart évoluent dans des sphères isolées. Plus de 80 professionnels étaient réunis et cette formule sera répétée dans le futur. En 2017, Impact HubStockholm et Impact Hub Bogota ont développé un programme d'échange qui crée des relations durables pour renforcer la compréhension de la complexité du monde musical et jeter les bases de nouvelles solutions innovantes. Ce projet invite la communauté internationale musicale à se connaître, à entreprendre ensemble des projets et à approfondir une culture musicale 2.0.

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