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Emilio Longhi, le sculpteur du sexe fort

Emilio Longhi
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Emilio Longhi est un jeune sculpteur de 26 ans, déjà connu dans le monde artistique péruvien. Le corps et l'expressionnisme sculptural sont très liés dans ses oeuvres abordant des sujets tels que la femme et la question de sa domination, sa puissance sexuelle sur les hommes.

Ayant grandi dans un environnement culturel, avec des parents photographes et une sœur actrice, il se dirige naturellement vers les arts visuels, mais choisit une voie différente pour ne pas entrer en « concurrence » avec eux. C’est à l'âge de 17 ans, lors d'un atelier de sculpture sur bois dont il décide de poursuivre cette pratique abordant la représentation de la figure humaine. Tout d'abord, sujet obligatoire en tant qu'étudiant à l'École des Beaux-Arts, cela devient l'essence de son travail avec les thèmes des relations interpersonnelles, la place de la femme dans une société patriarcale et machiste péruvienne.

Le corps et l'expressionnisme sculptural ont toujours été étroitement liés comme en témoigne Auguste Rodin, le digne représentant de la sculpture moderne. Mais aujourd'hui, ces relations sont devenues complexes et contradictoires. La sculpture n’est pas seulement un objet en marbre ou en bronze sur un socle. La façon de représenter le corps est marquée par de profonds changements au XXe siècle. Les thèmes, les matériaux et les procédés techniques utilisés sont très variés, comme en témoigne le travail d'Emilio. Par l'utilisation de bois, de métal et de tissu, le corps humain est montré sous son aspect sexuel qui parfois peut être embarrassant. Le corps, objet de réflexion et moteur de l’art, est montré sous un aspect très intime réfléchissant sur les problèmes de l'identité et du genre.

C’est le cas de son premier travail commencé en 2010 intitulé « Étude naturelle du buste féminin » réalisé en maille d'acier inoxydable. Inspiré par le travail de Claire Morgan et de ses installations sophistiquées, Emilio libère le corps par la forme donnée et le matériau choisi. En effet, les corps sont légers, transparents, éthérés, suspendus jouant avec les espaces où les ombres s’étalent sur les murs imposant la puissance du corps féminin inaccessible. Il réinvente le mouvement du corps comme une danse et crée des situations émouvantes. Une émotion incroyable se dégage de ces mises en scènes immobiles, mais animées. Par ce projet, Emilio voulait étudier de façon superficielle l'anatomie de la femme. Un premier contact avant de dénuder le corps complètement comme le prouve preuve ses futurs projets. Pas de véritables caractéristiques concernant les exigences des bustes à modeler, ce qui lui importait étaient les histoires que pouvaient lui « conter » ces corps voluptueux. Depuis le début, Emilio modélise à même la peau pour « connaître l'espace qu’il envahit », comme il le dit lui-même. Une confiance doit être établie, car l'intimité entre étrangers n’est pas une relation quotidienne et le modèle peu habitué à ce toucher peut s’inquiéter de l'image que son corps projette. Tout au long de ce processus, pouvant durer plusieurs mois, un sentiment d’ « amour » se développe parce que « l'amour n’est pas gratuit, il faut du temps » pour Emilio Longhi. Grâce à ce travail, il a pu entrer sur le marché de l'art péruvien. Il pouvait le reproduire rapidement. Cela lui a donné plus de liberté pour approfondir la Femme et la question de sa domination, sa puissance sexuelle sur les hommes.

Dans ces derniers travaux, il intègre l'image du loup ou du chien ayant différents symboles dans la culture populaire. Pour Emilio, le chien trouve un lien avec la nature. « Loup vs Vagin » est une sculpture, faite avec des câbles lumineux. Il met en scène un loup face à face avec la représentation d'un immense vagin questionnant notre comportement. Protecteur ou agressif ? Comment ne pas comparer le comportement de l'animal à celui de l'homme. Comment ne pas penser à la notion de territoire. Dans une connexion instinctive comme Emilio le déclare, il « ne pouvait pas laisser une chose pour une autre. » Dans ce travail, il présente le corps féminin comme l'arme ultime rendant l'homme vulnérable.

L'image du loup ou un chien sont des symboles récurrents contenant une image forte dans les projets d’Emilio Longhi. À travers son travail, datant de 2014 et réalisé avec du fil de cuivre et du fil de couleur, Emilio dans cet « autoportrait » prend l'apparence d'un chien. Le masque a toujours eu différentes fonctions sous le signe d’une métamorphose surprenante et énigmatique. Le masque transforme les apparences et permet un certain mimétisme niant les limites corporelles et brouillant les frontières entre le sujet et son environnement. L'utilisation du masque exprime le désir humain d'aller au-delà du monde humain craint son besoin presque impulsif et sauvage. « Le masque rend à l'homme son animalité », dit l'écrivain français Georges Bataille et « la destruction sauvage de la normalité humaine - qui appartient à la nature » se révèle à l'homme.

Composé de trois photographies en noir et blanc et de six sculptures, « vagin denté » intègre des objets du quotidien (chaise, ciseaux ...) dans les corps de la femme et de l'homme.

C’est avec cette pensée que son dernier travail, terminé à la fin de 2014, prend une dimension esthétique que certains pourraient qualifier de vulgaire, provocateur, agressif ou sadomasochiste. Composé de trois photographies en noir et blanc et de six sculptures, « vagin denté » intègre des objets du quotidien (chaise, ciseaux ...) dans les corps de la femme et de l'homme. Ces objets mutants forment l'union de l'image de la femme forte et hégémonique qui a répondu aux pratiques sexistes et radicales de l’homme. Ce triptyque photographique montre le crâne humain pratiquant le sexe oral sur une femme, le loup en contact avec le vagin. Trois sculptures en bois incrustés de métal composant le pubis représentent la ceinture de la femme. Les trois autres sculptures se composent d’une sculpture plantée de ciseaux d’une avec une scie à métaux bien aiguisée émergent du vagin et la dernière est une chaise-pénis : une relation de vie et de mort, une lutte pour trouver sa place soulignant le vagin comme élément du pouvoir. Ces pièces solidifient la relation binaire entre deux matériaux contradictoires, mais complémentaires, la chaleur du bois et le métal froid comme le sont la femme et l’homme. L’équilibre des sculptures offre une réalité-fantaisie.

L'écrivain français du XIXe siècle, Ernest Renan avait dit que « disséquer le corps humain est détruire sa beauté; et pourtant, par cette dissection, la science vient de reconnaître une beauté d'un ordre beaucoup plus élevé et que la vue superficielle n'aurait pas soupçonnée ».

Emilio Longhi par son travail expose la beauté de la puissance féminine.

Facebook officiel de Emilio Longhi : facebook.com/emiliolonghic

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